Journées du Patrimoine 2009 : enfin, je l'ai vu !
Après 2 ? 3 ? tentatives infructueuses, je l'ai enfin vu, le plafond peint par Chagall !
"'"Si vous avez déjà pénétré dans le temple de la danse et de la musique qu’est l’Opéra Garnier de Paris, vous avez sûrement été impressionné par le faste et l’abondance de ses décorations intérieures. Miroirs gigantesques, femmes-torchères, lampes et tableaux s’entremêlent en une valse dorée. Un peu plus, et vous croiriez entendre résonner dans la galerie le rire d’une jeune danseuse ou le doux murmure de la foule rassemblée à l’entracte… Ces quelques tourbillons dans la tête, vous avez ensuite vu les portes d’une loge s’ouvrir devant vous et vous offrir l’entrée de la salle. Et alors, – oh surprise! – au milieu des dorures et des drapés, s’étale un plafond qui semble un peu anachronique. Peint par Chagall, il diffuse en effet ses couleurs chatoyantes et ses formes étirées sur le classicisme rouge et or de la salle.
Car ce plafond n’est évidemment pas contemporain de la construction du bâtiment. C’est en 1964, près d’un siècle plus tard, qu’André Malraux, alors ministre de la culture, propose à Marc Chagall cette entreprise monumentale. Après de justes hésitations, celui-ci accepte et se lance dans l’immense travail que représente une œuvre de 220m², où les sujets doivent occuper l’espace tout en se liant avec harmonie. Pour ce faire, Chagall décide de partager son œuvre en cinq zones de couleurs, peuplées chacune de compositeurs mythiques plongés dans leur univers.
Cet art de manipuler et de faire jouer les couleurs a d’ailleurs toujours caractérisé le peintre. Révélé à lui-même par la découverte des Impressionnistes et des premiers Expressionnistes de 1900, Chagall poursuit dès lors la libération de la couleur et de la ligne engagée par eux. À vingt-deux ans, fasciné par Paris et sa “lumière-liberté”, Chagall s’y rend, et rencontre Modigliani, Apollinaire et Cendrars, et les acteurs du mouvement Cubiste. Mais jamais, malgré des influences certaines, Chagall ne se laissera enfermer dans quelque catégorie ou école que ce soit, échappant à toutes les conventions selon sa propre fantaisie.
Ainsi, en peignant ce plafond, c’est dans son univers personnel que l’artiste nous invite. Dans ce monde où l’apesanteur règne, évoluent des personnages esquissés, parfois transparents, entourés d’objets disparates. Et toujours se dégage cette impression de vie et de mouvement. Dans un enchevêtrement de courbes, Chagall nous révèle un monde idéal, flottant, sorte de paradis lyrique. Berlioz y côtoie Wagner sur un fond vert peuplé de muses, tandis qu’à l’opposé, dansent autour de Tchaïkovski et d’Adam le célèbre cygne et les danseuses de Gisèle. Entre ces deux zones, s’étirent le bleu de Mozart et Moussorgski, le rouge de Ravel et Stravinsky, et le blanc cassé de Rameau et Debussy. Partout, des éléments – femmes, oiseaux, étoiles cubistes – attirent le regard, fenêtres sur un monde inconnu. Cette myriade féerique entoure par ailleurs Beethoven, Gluck, Bizet et Verdi, placés dans l’anneau central.
Ainsi, dans cette disposition centrifuge, Chagall recrée une sorte de cosmogonie des Grands Maîtres.
Si cette œuvre se veut le reflet du monde. Elle reste toutefois une image déformante, révélatrice d’une “nature supérieure” qu’évoque Apollinaire dans ses écrits sur l’art. Lors de l’inauguration, Chagall déclare : “j’ai voulu en haut, tel un miroir, refléter en bouquet les rêves, les créations, des acteurs, des musiciens, me souvenir qu’en bas s’agitent les couleurs des habits du spectateurs”. Le peintre a donc su créer un univers en osmose avec le monde qu’il surplombe, et dont il exalte l’essence lyrique.
On se doit par ailleurs, devant cette harmonieuse combinaison de couleurs, d’évoquer les recherches de Kandinsky. En effet, dans Du Spirituel dans l’art, l’artiste russe établit un lien entre l’utilisation des couleurs par le peintre et la manipulation de l’archet par le musicien. Chacun à sa manière, se propose en effet de faire vibrer l’instrument qu’est l’âme du spectateur. Or, quelle œuvre se charge mieux que celle de Chagall d’établir une correspondance entre art visuel et musical?
Œuvre quelque peu contestée à sa création, le plafond de l’Opéra Garnier peint par Chagall est pourtant un exemple de l’entente artistique entre les siècles, et marie avec volupté le monde « classique » de l’opéra et l’univers actuel des spectateurs. Abolissant la frontière entre réel et imaginaire, il fait par là même tomber la barrière des conventions, seul obstacle à l’extase artistique.aux, étoiles cubistes – attirent le regard, fenêtres sur un monde inconnu. Cette myriade féerique entoure par ailleurs Beethoven, Gluck, Bizet et Verdi, placés dans l’anneau central.
Ainsi, dans cette disposition centrifuge, Chagall recrée une sorte de cosmogonie des Grands Maîtres.""
Trouvé sur le site "Culturofil.net", cette appréciation n'a pas laissé indifférents certains lecteurs...
Et depuis,les balcons donnant sur la Place de l'Opéra, on voyait :
c'était génial !